Avec l’élargissement des superficies de culture de la tomate industrielle, l’industrie de transformation nationale est en passe de satisfaire la demande, permettant ainsi de s’affranchir des importations et ainsi d’assurer l’autosuffisance en double et triple concentré de tomate.
L’évolution de la filière « tomates industrielles » en Algérie, depuis 1970, a connu un taux de croissance significatif. Cependant cette croissance a quelque peu diminué au cours des années 2000 suite à la concurrence des importations et à la baisse des capacités de transformation. Les deux principaux maillons de la filière stratégique à savoir les unités de transformation et les agriculteurs, qui malgré les difficultés de l’activité, ont connu au cours de ces dernières années des résultats positifs pour l’ensemble des acteurs. En effet, l’essor de cette filière stratégique dans les wilayas du nord avec le développement du secteur de la transformation de l’agroalimentaire, donnant ainsi lieu à l’essor de la culture de la tomate industrielle et le processus de transformation dans cette filière stratégique. Celle-ci est parvenue à se frayer une place dans quelques wilayas du Sud. Ainsi, avec l’adhésion de bon nombre d’agriculteurs du nord et du Sud du pays, la filière de la tomate industrielle a enregistré une envolée encourageante pour les opérateurs qui se sont lancés dans la transformation de ce produit agroalimentaire. Avec l’élargissement des superficies de culture de la tomate industrielle, l’industrie de transformation nationale est en passe de satisfaire la demande, permettant ainsi de s’affranchir des importations et ainsi d’assurer l’autosuffisance en double et triple concentré de tomate.
Une récolte record
Cette performance est le résultat de l’amélioration de la productivité avec un pic devant atteindre, pour cette la saison 2023/2024, les 6 millions de quintaux pour la seule wilaya de Skikda pour un rendement de 800 quintaux par hectare. Cette wilaya pionnière dans le domaine de la production de tomates industrielles se classe au premier rang en fournissant 50% de la production nationale. À noter que les wilayas de Skikda, El Tarf, Annaba et Ain Defla en plus de quelques pôles émergents, sont les cinq pôles principaux de production existant en Algérie. Ainsi, la région nord du pays s’est focalisée sur cette culture stratégique, comme c’est le cas de la wilaya d’El Tarf qui prévoit de consacrer, au titre de cette saison agricole, plus de 5 000 ha à la tomate industrielle, selon les services de la Direction des services agricole de cette wilaya où, la plantation de cette superficie a commencé début mars et s’est poursuivie jusqu’à fin mai 2024. Tout en œuvrant à élargir encore plus la superficie de cette culture stratégique, afin d’aller vers l’exportation, les services agricole de la wilaya d’El Tarf tablent sur une production prévisionnelle de tomate industrielle de près de 4,5 millions quintaux pour cette saison. A noter que, la filière de la tomate industrielle à El-Tarf bénéficie du soutien des pouvoirs publics et de l’accompagnement des agriculteurs et transformateurs outre la mobilisation de quantités importantes d’eau pour l’irrigation et l’octroi d’autorisations de fonçage de forage. Idem pour la wilaya d’Annaba où, les prévisions de la saison sont à la hauteur des attentes, en dépit du déclin de la production par rapport à la saison dernière. Il n’en demeure néanmoins qu’une récolte prévisionnelle de plus de 50.000 de quintaux est attendue pour cette année. Un défi relevé malgré la perte de plus de 400 hectares de la superficie totale implantée qui est de l’ordre de 1 500 hectares destinés à la plantation de ce produit. Ce qui n’est pas le cas pour la wilaya de Guelma, dont les services de la DSA prévoient une production de près de 2,5 millions de quintaux de tomate industrielle. La campagne de récolte qui a débuté en ce mois de juillet, devrait être ponctuée par une augmentation d’environ 1 million de quintaux par rapport à la saison dernière. Selon les services de la DSA, les superficies agricoles concernées par la récolte de tomates sont de l’ordre de 3.063 hectares dans la wilaya de Guelma, où le rendement moyen devrait atteindre les 800 quintaux par hectare. Si les bonnes conditions climatiques dans la région nord du pays, le suivi et l’accompagnement ont eu l’effet probant quant à ces récoltes abondantes.
Extension des surfaces de culture
Au-delà des zones de production à l’Est du pays, la contribution des pôles émergents dans le Sud et l’Ouest n’est pas des moindres. Car les wilayas comme Adrar, Tamanrasset, se caractérisent par une double récolte en raison du climat saharien par an. Depuis le début de l’année d’importantes quantités de tomate industrielle ont été récoltées, atteignant par endroit des niveaux exceptionnels de l’ordre de 1,27 million de tonnes. Cette généreuse récolte a encouragé les agriculteurs à élargir les superficies dédiées à la tomate industrielle.
Dans la wilaya d’Adrar où, la récolte de la tomate industrielle débute en décembre et se poursuit jusqu’à début mai. Les professionnels de la filière de la tomate industrielle dans la wilaya d’Adrar s’attendent à une campagne de récolte réussie au cours de la saison 2023-2024. Même si les prévisions de la récolte n’ont pas encore été dévoilées, les opérations de récolte de la tomate industrielle se poursuivent dans la wilaya d’Adrar, une des wilayas du sud les plus importantes en matière de production de tomates industrielles, notamment au niveau des communes de Zaouiet Kounta, Aoulef , Talmine et In Zghmir, constituent le principal réservoir de l’usine de transformation industrielle de tomates de Reggane. À mentionner que la commune de d’In Zghmir, est pionnière dans la production de tomates industrielles dans la wilaya, notamment après expansion chaque année, des superficies de terres plantées qui ont dépassées 550 hectares sur l’ensemble du territoire de la commune, dont 190 hectares sont utilisés dans l’agriculture traditionnelle qui dépend dans son système d’irrigation sur la technique des foggaras. À noter que le rendement de la production par hectare variait entre 450 et 700 qx, notant que la récolte se fait trois fois par saison, ce qui fait que le rendement de production double. En plus de ces quelques wilayas du nord et du grand Sud du pays branchées dans cette filière stratégique, d’autres wilayas du centre se sont lancées dans ce secteur qui représente une valeur ajoutée à l’économie nationale.
Selon les services de la DSA, pour cette saison, la filière de la tomate industrielle a réalisé, ses objectifs d’extension de la superficie dédiée à cette culture stratégique, qui est passée de 2.100 ha en 2023 à 2.700 ha en 2024, avec une prévision de production de 2,5 millions de quintaux de tomates. À noter que, la maîtrise par les agriculteurs du domaine, des techniques de cette culture, est à l’origine de la hausse du rendement à l’hectare, fluctuant cette année entre 800 et 1.000 qx/ha. Soulignons que la campagne de récolte a déjà été lancée au niveau de nombre d’exploitations agricoles, notamment celles conventionnées avec des unités de transformation de la wilaya de Blida qui ont commencé à réceptionner et à transformer le produit. Pour ce qui est des capacités de transformations, dans la wilaya de Chlef, elles sont estimées à 49.800 qx de tomates/Jour. Les premières récoltes ont été enregistrées au niveau de la région Hechalif de la commune de Sobha où, il est prévu une récolte abondante eu égard le rendement déjà obtenu estimé entre 800 et 1.000qx/ha. Elle dispose aussi d’une unité de transformation privée d’une capacité estimée à 50.000 qx/Jour, avec possibilité, nous dit-on, de l’entrée en service bientôt d’une nouvelle chaîne de transformation.
Cap sur les marchés mondiaux
Au-delà de l’autosuffisance, l’objectif est de mettre le cap sur les marchés mondiaux, notamment ceux d’Afrique et de l’Union européenne. Il faut dire que l’Algérie est le premier fournisseur de tomate industrielle en Afrique avec 2,3 millions de tonnes produites par an. Même si la récolte est principalement destinée à la transformation locale, la filière de la tomate attire également des projets d’investissement axés sur l’exportation vers le marché Africain et Européen. En effet, le groupe Souakri a entamé fin mai dernier la phase expérimentale de la réalisation d’un projet de culture maraîchère basé sur un site de 1000 hectares dans la wilaya d’Adrar située dans le sud-ouest du pays. Ledit projet a mobilisé un investissement total de 750 millions de dollars. Il porte notamment sur le développement d’une exploitation de 500 hectares qui sera principalement consacrée à la culture de tomate industrielle sous serre. L’ambition de ce méga projet est de produire annuellement 6 000 tonnes de tomates industrielles destinées à l’exportation en vue de générer des recettes de plus de 500 millions dollars par an. Pour l’heure, la phase expérimentale porte sur la culture de tomates sur une superficie de 50 hectares. L’entrée en production effective de l’exploitation est prévue d’ici à la fin octobre 2024. C’est le plus grand projet maraîcher d’Afrique et l’un des plus grands au monde, où il sera produit des tomates et tous les produits maraîchers. L’Algérie aspire désormais à se tailler une place dans l’exportation de tomates. Ainsi, l’Algérie veut rivaliser avec le Maroc et l’Espagne en mettant en œuvre ce méga projet dans le secteur agricole, notamment la production de la tomate industrielle. Un projet qui a commencé à faire flipper le Maroc qui s’est lancé dans une guerre médiatique aggravant d’ailleurs son discrédit.
En effet, le succès de la stratégie agricole algérienne, notamment dans le domaine de la production et de l’exportation de tomates, a suscité de l’agitation chez le Maroc voisin, car il est l’un des trois plus importants exportateurs de cette matière vers l’Europe, avec une valeur d’un milliard d’euros par an. Cependant, depuis les 10 ans, l’Algérie a pu atteindre l’autosuffisance en matière de production de tomates fraîches ou destinées à la transformation, après les avoir importées d’autres pays, dont la Tunisie. Or, à l’ombre de la stratégie de Abdelmadjid Tebboune, président de la République, qui a appelé à l’augmentation du volume des exportations hors hydrocarbures, les autorités ont misé sur l’augmentation des capacités de production des produits agricoles, comme les tomates, et l’orientation vers l’exportation vers l’étranger, notamment le marché européen, étant un grand marché et proche de l’Algérie avec des capacités avérées lui permettant de se lancer dans la compétition.
Sofia Chahine
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