La sécheresse persistante qui frappe le Maroc ne se limite pas à une simple crise agricole ; elle agit comme un révélateur et un amplificateur des problèmes sociaux profonds qui affectent le royaume cherifien. Le chômage, la pauvreté et les inégalités, déjà présents, se trouvent exacerbés par cette situation climatique critique.
Dans les zones rurales, où l’agriculture est souvent la principale source de revenus, la chute drastique des rendements céréaliers pousse de nombreux petits agriculteurs vers le chômage. Sans récolte suffisante, ces travailleurs se retrouvent sans ressources, alimentant un exode rural qui gonfle les rangs des chômeurs urbains. Ce phénomène accentue la pression sur un marché du travail déjà tendu, où le taux de chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, constitue un défi majeur pour le Maroc.
La pauvreté, déjà endémique dans certaines régions, s’aggrave sous l’effet de cette crise. Les petits agriculteurs, piliers de l’économie rurale, basculent dans la précarité. Driss Aissaoui, analyste et ancien membre du ministère de l’Agriculture, souligne : « Quand vous avez moins de 50 millions de quintaux, vous êtes en crise. Cela signifie que vous devez importer davantage. » Cette augmentation des importations, qui pourrait atteindre 19% en 2024, risque d’entraîner une hausse des prix alimentaires, frappant de plein fouet les ménages les plus modestes et creusant davantage le fossé entre riches et pauvres.
Les inégalités, déjà criantes au Maroc, se trouvent amplifiées par cette crise. Alors que les grands exploitants agricoles disposent des moyens pour s’adapter, investir dans de nouvelles technologies et diversifier leurs cultures, les petits agriculteurs se battent pour leur survie économique. Cette disparité reflète et renforce les écarts socio-économiques existants dans la société marocaine.
La crise met également en lumière les inégalités territoriales. Les régions rurales, déjà moins développées et moins dotées en infrastructures, voient leur situation s’aggraver. Le risque d’un creusement des disparités entre zones urbaines et rurales est réel, avec des conséquences potentielles sur la cohésion sociale du pays.
Sans une action décisive, la crise agricole actuelle risque de transformer une difficulté conjoncturelle en un problème structurel, aggravant durablement le chômage, la pauvreté et les inégalités au Maroc. R.I
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