L’Afrique du Sud fait face à un vaste scandale de corruption touchant ses principales entreprises publiques. Selon un récent rapport de l’Unité spéciale d’enquête (SIU), le montant total des malversations présumées atteindrait plus de 7 milliards de dollars.
Les investigations, certaines en cours depuis 2018, concernent six entreprises étatiques majeures : Transnet (transport), Denel (armement), Eskom (électricité), la Commission nationale des loteries, South African Airways (compagnie aérienne) et PRASA (transport ferroviaire).
Chez Transnet, l’enquête porte sur une soixantaine de contrats suspects et des centaines de cas de conflits d’intérêts, pour un montant estimé à près de 4 milliards de dollars. Cette situation révèle l’ampleur des dysfonctionnements au sein de cette entreprise cruciale pour l’économie sud-africaine.
Eskom, le géant de l’électricité, est également dans la tourmente. Plus de 270 contrats, d’une valeur d’environ 2,2 milliards de dollars, font l’objet d’une enquête depuis six ans. Cette corruption endémique a entraîné une crise énergétique majeure, avec des coupures d’électricité record en 2023.
Du côté de PRASA, les enquêteurs estiment que 540 millions de dollars ont été perdus, notamment via un système de paiements à plus de 1 200 « employés fantômes ». Un contrat suspect de plus de 300 millions de dollars, lié à la Coupe du monde 2010, est également examiné.
Ces révélations mettent en lumière l’étendue de la corruption qui a gangréné l’Afrique du Sud, particulièrement sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018). Une enquête judiciaire a impliqué de nombreux fonctionnaires et cadres d’entreprises publiques dans des affaires de pots-de-vin et de favoritisme.
Les conséquences sur l’économie sud-africaine ont été dévastatrices, comme en témoigne la crise énergétique provoquée par la mauvaise gestion d’Eskom.
La corruption est devenue un enjeu politique majeur. Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994, a vu sa réputation ternie et a perdu sa majorité parlementaire lors des dernières élections.
Le président actuel, Cyril Ramaphosa, s’est engagé à assainir le gouvernement, mais les experts restent sceptiques quant à la récupération des sommes détournées.
Malgré l’ampleur des enquêtes en cours, le chemin vers un assainissement complet des institutions sud-africaines s’annonce long et difficile. L’avenir du pays dépendra de sa capacité à surmonter cette crise de confiance et à reconstruire des institutions publiques intègres, un défi majeur pour la plus grande économie du continent africain.
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