Alors que la demande en aliments transformés augmente en Afrique, les experts du Malabo Montpellier Panel appellent à l’occasion du 14eme forum tenu le 27 aout à de nouvelles politiques agroalimentaires pour soutenir ce secteur en pleine croissance. L’essor démographique, l’urbanisation et l’émergence d’une classe moyenne créent de nouvelles opportunités, mais aussi des défis pour l’industrie agroalimentaire africaine.
L’Algérie pourrait servir d’exemple intéressant dans ce contexte. Pays d’Afrique du Nord avec une économie relativement diversifiée, l’Algérie a le potentiel de développer son industrie agroalimentaire pour répondre à la demande croissante en produits transformés. Cependant, comme de nombreux pays africains, elle doit faire face à des défis tels que la modernisation des infrastructures et l’amélioration des chaînes logistiques.
Dans l’Afrique subsaharienne, des entreprises comme Forna Health Foods en Ouganda illustrent le potentiel et les difficultés du secteur. Forna produit de la farine composite nutritive, mélangeant 12 farines différentes pour créer des porridges adaptés aux enfants et aux personnes âgées. Ces produits répondent à la demande de la classe moyenne pour des aliments traditionnels avec des commodités modernes, comme le souligne Ousmane Badiane, co-président du panel.
Cependant, Hilary Bainemigisha, directrice de Forna, met en lumière les obstacles auxquels sont confrontées ces entreprises : l’approvisionnement irrégulier en matières premières, la fluctuation des prix et les coûts de production élevés. Ces défis sont communs à de nombreux pays africains, y compris l’Algérie, où le développement de l’industrie agroalimentaire pourrait stimuler l’économie rurale et diversifier les exportations au-delà des hydrocarbures.
Le manque d’infrastructures et les problèmes logistiques entraînent des pertes importantes : selon la FAO, 30 à 40 % des aliments produits en Afrique sont perdus avant d’atteindre le consommateur, représentant une perte annuelle d’environ 1 000 milliards de dollars. Cette situation souligne l’urgence d’investir dans la chaîne de valeur agroalimentaire, de la production à la distribution.
Les experts appellent les gouvernements africains à accorder plus d’attention au secteur de la transformation, considéré comme essentiel à la modernisation des zones rurales. Ils soulignent également l’importance de protéger les innovateurs technologiques contre le vol de propriété intellectuelle, un problème qui freine l’investissement dans le secteur.
Certains pays comme le Ghana, le Kenya, le Sénégal et l’Afrique du Sud montrent la voie en encourageant la croissance des entreprises de transformation alimentaire. Leurs politiques incluent le renforcement de la sécurité alimentaire et du contrôle qualité, l’investissement dans la formation technique et professionnelle, l’octroi d’allégements fiscaux, la sécurisation de l’approvisionnement en matières premières et l’amélioration de l’accès au crédit.
L’Algérie pourrait s’inspirer de ces exemples pour développer son propre secteur agroalimentaire, en tirant parti de sa position géographique stratégique entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. En investissant dans la transformation alimentaire, le pays pourrait non seulement répondre à la demande intérieure croissante, mais aussi devenir un acteur important dans l’exportation de produits transformés vers d’autres pays africains et au-delà.
Le développement du secteur agroalimentaire en Afrique, de l’Algérie aux pays subsahariens, nécessite une approche holistique impliquant des investissements dans les infrastructures, la formation, l’innovation et des politiques de soutien adaptées. C’est un défi majeur, mais aussi une opportunité cruciale pour la croissance économique et la sécurité alimentaire du continent.
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