À l’approche du Sommet de l’avenir des Nations unies à New York les 22 et 23 septembre, il devient évident que les trois piliers du multilatéralisme – la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme – nécessitent un renouvellement urgent. L’Afrique jouera un rôle crucial dans cet effort de revitalisation.
L’architecture de sécurité mondiale post-guerre froide doit beaucoup à deux secrétaires généraux africains visionnaires : Boutros Boutros-Ghali et Kofi Annan. Boutros-Ghali a établi l’Agenda pour la paix en 1992, qui a inspiré le Nouvel Agenda pour la paix d’António Guterres en 2023. Annan, a, quant à lui, créé la Commission de consolidation de la paix des Nations unies.
Malgré ces contributions significatives et le fait que l’Afrique représente 28% des membres de l’ONU, le continent n’a toujours pas de représentation permanente au Conseil de sécurité. Cette sous-représentation compromet la légitimité et l’efficacité du Conseil.
Les organisations régionales africaines, telles que l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont déployé des forces de maintien de la paix dans de nombreuses zones de conflit. Cependant, ces efforts sont souvent entravés par un manque de financement et des difficultés opérationnelles.
En matière de développement, l’Afrique a longtemps plaidé pour une prioritisation des besoins des économies à faible revenu. Malheureusement, l’influence disproportionnée des puissances occidentales sur les institutions financières internationales a souvent sapé ces efforts. Les programmes d’ajustement structurel des années 1980 et 1990 ont eu des conséquences dévastatrices, entraînant des « décennies perdues » pour le développement africain.
La création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) en 2018 offre un espoir de progrès économique. Cependant, le continent reste marginalisé dans le commerce mondial et peine à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD). La dette croissante, qui atteint 1 100 milliards de dollars, et le manque de financement pour les initiatives climatiques aggravent ces défis.
Le bilan en matière de droits de l’homme reste préoccupant. Le Conseil des Droits de l’Homme, créé sous la supervision de Kofi Annan, n’a pas réussi à éviter la politisation et l’inefficacité. En Afrique, l’extrémisme violent, les inégalités et la mauvaise gouvernance continuent de menacer les droits fondamentaux.
La récente vague de coups d’État militaires dans plusieurs pays africains met en lumière la fragilité des institutions démocratiques et souligne l’urgence de renforcer la gouvernance et l’État de droit. L’avenir de l’Afrique est intrinsèquement lié à la revitalisation du multilatéralisme. Pour construire un ordre mondial plus équitable et durable, il est impératif de reconnaître le rôle central de l’Afrique. Cela passera inéluctablement par la réforme des institutions onusiennes, à commencer par la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU comme revendiquée par plusieurs pays dont l’Algérie devient primordiale tout comme une représentation permanente de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Il est également nécessaire d’augmenter les droits de vote de l’Afrique au sein des institutions financières et monétaires, à l’instar du FMI et de la Banque mondiale.
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