Dans les vastes étendues du Sahara algérien, une révolution agricole silencieuse est en marche. La culture du maïs, jusqu’ici peu commune dans ces régions, affiche des résultats qui dépassent les attentes initiales. Mme Hanane Labiad, directrice centrale au ministère de l’Agriculture, révèle qu’un exploitant a atteint le rendement exceptionnel de 115 quintaux à l’hectare, bien au-delà de la moyenne nationale oscillant entre 50 et 90 quintaux.
Cette performance s’inscrit dans un plan quinquennal ambitieux (2024-2028) visant à développer 220 000 hectares de culture de maïs. Pour 2024, le ministère cible 16 000 hectares dans les régions d’Adrar, Timimoune et Ouargla, avant d’étendre la production à 30 000 hectares en 2025, dont 8 000 dans le nord du pays.
Pour soutenir cette transformation, l’État déploie un arsenal de mesures incitatives. Le maïs gras est subventionné à 5 000 DA le quintal, tandis que les oléagineuses bénéficient de prix conventionnés : 3 000 DA le quintal pour les achats individuels et 3 500 DA pour les achats groupés. Ces tarifs, déconnectés des cours mondiaux, visent à sécuriser les revenus des agriculteurs.
L’innovation technique accompagne cette mutation avec la création d’une commission spécialisée chargée d’identifier les variétés les plus adaptées au terroir saharien. « On est en train d’étudier quelle variété s’adapte le mieux au sol algérien et donne le plus de rendement », explique Mme Labiad.
Cette stratégie agricole répond à un double objectif : diversifier l’agriculture dans des zones traditionnellement peu exploitées et renforcer l’indépendance alimentaire du pays. Les premiers succès observés à Timimoune laissent entrevoir le potentiel considérable du Sahara algérien pour l’agriculture intensive, ouvrant de nouvelles perspectives pour la sécurité alimentaire nationale.
La liberté laissée aux agriculteurs dans la commercialisation de leur production, qu’ils peuvent vendre à l’office public ou aux opérateurs privés, témoigne d’une approche pragmatique visant à dynamiser la filière. Cette flexibilité, combinée aux subventions étatiques, crée un environnement favorable à l’expansion de cette culture stratégique.
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