Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a présidé mardi une réunion cruciale au siège de la Présidence de la République, marquant le début officiel du processus de révision de l’Accord d’association avec l’Union européenne. Cette initiative, annoncée dès octobre 2024, concrétise la volonté de l’Algérie de rééquilibrer ses relations commerciales avec l’UE à partir de 2025.
Cette démarche de révision, qualifiée de « nécessaire » par le Président Tebboune, s’inscrit dans une approche diplomatique constructive, privilégiant « la souplesse et l’esprit amical » plutôt que la confrontation. Le chef de l’État a notamment souligné le maintien de « relations normales » avec l’ensemble des pays européens, y compris la France.
La nécessité de cette révision s’explique par l’évolution significative de l’économie algérienne depuis la signature de l’Accord initial. D’un pays fortement dépendant des importations, avec une contribution industrielle au revenu national de seulement 3%, l’Algérie s’est transformée en un producteur et exportateur diversifié, notamment dans les secteurs manufacturier et électroménager.
Le ministre d’État aux Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a dressé un bilan sévère de l’Accord actuel, le qualifiant de « boulet au pied de l’économie nationale ». Les chiffres qu’il a présentés sont éloquents. Entre 2005 et 2023, l’Accord d’association a généré près de 1000 milliards de dollars d’échanges commerciaux en faveur des produits européens, tandis que l’Algérie n’en a retiré qu’un bénéfice net d’un milliard de dollars, sur 13 milliards d’investissements totaux dont douze rapatriés sous forme de dividendes.
Les principales critiques portent sur les barrières non-tarifaires imposées par l’UE, qui entravent l’accès des produits algériens au marché européen, ainsi que sur les restrictions à la libre circulation des opérateurs économiques algériens dans l’espace Schengen. Face à ces déséquilibres, le Président Tebboune a ordonné une révision minutieuse de l’Accord, article par article.
Le nouvel ambassadeur de l’UE à Alger, Diego Mellado Pascua, reconnaît l’importance stratégique de l’Algérie pour l’Europe, particulièrement dans le contexte de la réindustrialisation européenne. Les échanges commerciaux témoignent déjà d’une dynamique positive, atteignant un record historique de 50 milliards d’euros en 2023, bien au-dessus de la moyenne habituelle de 30 à 40 milliards d’euros. Les investissements européens en Algérie s’élèvent désormais à 23 milliards d’euros.
L’année 2025 verra également le lancement du Pacte pour la Méditerranée, une initiative européenne visant à renforcer la coopération avec les pays de la rive sud. Les consultations techniques prévues début 2025 pour la révision de l’Accord se concentreront sur l’amélioration de l’accès des produits algériens au marché européen, reconnaissant ainsi le statut de l’Algérie comme puissance régionale émergente.
Cette révision marque donc un tournant dans les relations algéro-européennes, avec l’ambition de construire un partenariat plus équilibré, basé sur le principe du gagnant-gagnant, tout en tenant compte des évolutions économiques et des aspirations de l’Algérie moderne. A.B
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