Tensions diplomatiques historiques : l’affaire Amir DZ plonge Paris et Alger dans une crise sans précédent depuis 1962

La chronologie des événements récents entre la France et l’Algérie dessine une trajectoire diplomatique préoccupante, marquée par une dégradation rapide des relations qui semblaient pourtant en voie d’amélioration. Tout a basculé avec l’arrestation à Paris, vendredi 12 avril, de trois ressortissants algériens, dont un agent consulaire, dans le cadre d’une enquête concernant l’enlèvement présumé d’un youtubeur algérien, Amir Boukhors, dit Amir DZ hostile à son pays. Face à cette situation, les autorités algériennes ont réagi avec vigueur en décidant d’expulser sous 48 heures douze fonctionnaires de l’ambassade française en Algérie, selon une annonce du Quai d’Orsay ce lundi 14 avril. Cette mesure, sans précédent depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, marque un tournant critique dans les relations bilatérales. L’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, avait été convoqué dès samedi 12 avril au siège du ministère des Affaires étrangères algérien. Reçu par le Secrétaire général du ministère, Lounès Magramane, il s’est vu signifier « la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français », selon un communiqué officiel du ministère algérien. Cette audience « a eu pour objectif d’exprimer la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou Amir Boukhors, dit AmirDZ, en 2024 ». Le communiqué précise également que l’Algérie rejette « fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l’appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire ». Sur le plan formel, Alger souligne que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le Consulat d’Algérie à Créteil ainsi qu’à la pratique prévalent en la matière entre l’Algérie et la France ». Quant au fond de l’affaire, le département d’Ahmed Attaf ajoute que « l’Algérie retient surtout la fragilité et l’inconsistance de l’argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du Ministère de l’Intérieur français durant les auditions, laquelle appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène Amir Boukhors ». Cette crise intervient dans un contexte particulièrement délicat, alors même que les deux pays semblaient avoir amorcé un réchauffement diplomatique. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait en effet annoncé la semaine précédente le début d’une « nouvelle phase » dans les relations franco-algériennes, suite à un entretien avec le Président Abdelmadjid Tebboune. Face à cette nouvelle crise, le député LFI Eric Coquerel est intervenu lundi dans l’émission « Bonjour ! La matinale TF1 », appelant à une reprise immédiate du dialogue au plus haut niveau : « J’appelle à ce que les deux présidents se reparlent tout de suite ». Il a exprimé ses soupçons concernant le rôle du ministre de l’Intérieur dans cette affaire : « On peut se demander si ce n’est pas Bruno Retailleau qui essaie de reprendre le dossier en main alors qu’il avait été heureusement cornérisé par le président de la République ». Le député a également souligné la prévisibilité de la réaction algérienne : « Il était évident qu’à partir du moment où on arrêtait trois membres de l’ambassade d’Algérie, il y aurait des représailles. » Il a ajouté que cette réaction est « automatique » car « on sait qu’Alger ne se laisse pas faire » et que « dans ce genre de confrontation, il hausse le ton à chaque fois qu’on hausse le ton. » Eric Coquerel a conclu son intervention par une mise en garde : « Si on veut repartir dans la confrontation que le président avait heureusement arrêtée, déclenchée par Bruno Retailleau pour je ne sais quel projet présidentiel, parce qu’il a dû penser que ça faisait bien d’attaquer l’Algérie, on continue comme ça ». A.B

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