Et c’est par un rappel poignant des crimes coloniaux français que la délégation algerienne des athlètes participant aux JO de Paris a saisi l’opportunité de la cérémonie d’ouverture pour raviver la mémoire des atrocités commises par la France durant l’ère coloniale. Un vibrant hommage a été rendu aux victimes algériennes du tortionnaire Maurice Papon et de la police française. Des roses et des fleurs ont été jetés par les athlètes dans la Seine en marque de respect à leurs ainés. Ce geste symbolique et puissant a mis en lumière le Massacre du 17 octobre 1961, l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire française moderne.
Ce jour-là, des milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris pour leur indépendance et contre un couvre-feu discriminatoire. La réponse des autorités françaises fut d’une brutalité inouïe : une répression sanglante qui fit de nombreuses victimes, dont beaucoup furent jetées dans la Seine. Ce fleuve, qui aujourd’hui accueille les fleurs commémoratives de la délégation algérienne, était alors devenu le témoin silencieux d’un crime d’État.
Le massacre du 17 octobre 1961 s’inscrit dans le contexte plus large des 132 années de colonisation française en Algérie, une période marquée par l’oppression, l’exploitation, l’aliénation et la déshumanisation systématique du peuple algérien. Cette occupation est considérée comme l’une des plus cruelles de l’Histoire moderne.
Malgré l’ampleur de ces crimes, la France continue de montrer une réticence à reconnaître pleinement sa responsabilité et à présenter des excuses officielles pour son passé colonial. Ce refus de repentir est perçu par beaucoup comme une insulte à la mémoire des millions de chouhadas et un obstacle à une véritable réconciliation.
Le geste de la délégation algérienne aux JO de Paris 2024 est donc bien plus qu’un simple acte de commémoration. C’est un appel à la France pour qu’elle affronte son passé, reconnaisse ses torts et s’engage dans un processus de réparation authentique. C’est aussi un message fort adressé au monde entier, rappelant que l’histoire coloniale ne peut être ni oubliée ni minimisée.
Les Algériens, en préservant la mémoire de leurs martyrs et en exigeant justice, montrent que le chemin vers une véritable guérison des blessures du passé passe nécessairement par la vérité, la reconnaissance et la responsabilité. Tant que la France n’aura pas fait face à son passé colonial avec honnêteté et courage, ces actes de commémoration continueront de résonner comme un rappel puissant des injustices non résolues. Azzedine Belferag
+ There are no comments
Add yours