Dans un contexte mondial marqué par l’insécurité alimentaire, l’Algérie affiche des ambitions élevées pour sa filière céréalière.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, Youcef Cherfa, a indiqué lundi à Alger, lors d’une rencontre nationale avec les cadres du secteur, que son département prévoit de planter pas moins de 3,2 millions d’hectares de céréales pour la prochaine saison. Pour atteindre cet objectif, 5,2 millions de quintaux de semences seront mis à disposition des agriculteurs. Cette superficie représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes, témoignant de la volonté des plus hautes autorités de renforcer l’autosuffisance alimentaire du pays.
Le ministre a particulièrement insisté sur l’importance du développement des cultures dans le Sud dans cette stratégie. Ainsi, et en application des instructions du président de la République Abdelmadjid Tebboune, les superficies céréalières dans les régions méridionales devraient atteindre 500 000 hectares. Un pari audacieux qui s’appuie sur les performances remarquables enregistrées lors de la dernière saison dans ces zones.
Les résultats obtenus dans le sud du pays pour la saison 2023-2024 ont été qualifiés de « miraculeux » par le ministre Cherfa. Les rendements ont oscillé entre 47 et 51 quintaux par hectare, des chiffres impressionnants qui ont permis d’atteindre 96% des objectifs fixés par le ministère. Pour la saison à venir, la barre est placée encore plus haut : le rendement dans ces régions « ne devrait pas être inférieur à 55 quintaux par hectare », selon les prévisions ministérielles.
Dans le nord du pays, si les rendements sont plus modestes (20 quintaux/ha pour le blé dur et tendre, 15 quintaux/ha pour l’orge), la production reste conséquente. Au 28 juillet, 18 millions de quintaux avaient déjà été récoltés dans ces wilayas, avec 40% des surfaces cultivées traitées.
Au-delà des céréales traditionnelles, le gouvernement mise sur la diversification. Un objectif de 150 hectares de légumineuses a été fixé pour cette saison, afin de compenser une baisse antérieure de la production. Le ministre a appelé les responsables locaux à accorder une importance particulière à cette filière.
Le programme de culture du maïs jaune est également mis en avant, avec l’ambition d’atteindre l’autosuffisance dans les années à venir. Les superficies consacrées à cette culture devraient augmenter significativement au cours des trois prochaines années.
Plus globalement, le ministre un objectif ambitieux pour le développement du secteur. Il s’agit de porter la contribution du secteur agricole à 27% du PIB lequel devra atteindre 400 milliards de dollars en 2027.
Pour soutenir ces objectifs ambitieux, le ministère mise sur la modernisation des pratiques. La numérisation est au cœur de cette stratégie, avec la mise en place d’une plateforme permettant de collecter des données précises sur les superficies cultivées et les besoins en intrants. Cette approche vise à optimiser la planification et à éviter les difficultés rencontrées lors de la saison précédente, notamment dans la distribution des semences et des engrais.
Le ministre a fixé un calendrier strict pour la mise en œuvre de ce plan. D’ici fin août, des objectifs spécifiques seront définis pour chaque wilaya. Les directeurs des services agricoles ont jusqu’au 10 août pour déterminer les superficies « réelles » qui seront consacrées aux légumineuses. Enfin, toutes les mesures nécessaires, y compris la préparation des semences et des engrais, doivent être finalisées « avant la fin octobre ». Sabrina Aziouez
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