La récente annonce du président français Emmanuel Macron, reconnaissant la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental comme « la seule base pour parvenir à une solution politique juste », a provoqué une onde de choc dans les milieux politiques et diplomatiques.
L’Union européenne (UE) a rapidement pris ses distances avec cette position. Une porte-parole des affaires étrangères de l’UE a déclaré que « la position commune de l’Union européenne sur cette question reste inchangée », réaffirmant le soutien de l’UE au processus onusien visant à trouver une solution « juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable » conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.
Du côté de l’ONU, le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, a rappelé que « les efforts des Nations unies concernant la résolution du conflit au Sahara occidental se poursuivront conformément aux résolutions du Conseil de sécurité ».
En France, la classe politique s’est vivement indignée de cette décision. Fabien Roussel, secrétaire général du Parti communiste français (PCF), a accusé Macron de trahir « la position historique et équilibrée de la France sur les droits du peuple sahraoui comme sur les résolutions de l’ONU ». Il a ajouté que cette décision « ouvre une crise diplomatique grave pour poursuivre le pillage de l’Afrique ».
Marine Tondelier, cheffe des écologistes, a qualifié ce geste d' »erreur historique prise par un homme seul, à la tête d’un État sans gouvernement, ni majorité ». Elle a souligné que cette décision trahit la position historique de la France basée sur le respect du droit international et du droit des peuples à l’autodétermination.
Le sénateur Jérémy Bacchi a dénoncé le fait que cette décision « piétine les résolutions des Nations unies qui prévoient l’organisation d’un référendum d’autodétermination ». Il a également critiqué les motivations économiques sous-jacentes, évoquant « l’accaparation des richesses naturelles du Sahara Occidental ».
De nombreux politiciens ont également remis en question le timing de cette annonce, alors que le gouvernement est démissionnaire et que le président avait décrété une « trêve politique » pendant les Jeux olympiques de Paris.
Cette décision unilatérale de la France semble ainsi isolée sur la scène internationale et fortement contestée au niveau national, ravivant le débat sur la question sensible du Sahara occidental et sur le rôle de la France dans la région. Pour sa part, l’Algerie qui denonce ce soutien de la France au prétendu « plan d’autonomie » au Sahara Occidental a decidé le retrait de son ambassadeur en France avec effet immédiat et la représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires. « Le Gouvernement français a fini par donner sa caution franche et catégorique au fait colonial imposé au Sahara Occidental. Ce pas qu’aucun autre Gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir, le Gouvernement actuel l’a fait avec beaucoup de légèreté et une grande désinvolture, sans en mesurer lucidement toutes les retombées potentielles », précise la même source. Et d’ajouter qu' »en reconnaissant le plan d’autonomie marocain comme la seule base de règlement du conflit du Sahara Occidental dans le cadre de la prétendue souveraineté du Maroc, le Gouvernement français bafoue la légalité internationale, prend fait et cause pour la négation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, se démarque de tous les efforts patients et persévérants déployés par les Nations Unies à l’effet de parachever la décolonisation du Sahara Occidental et manifeste une abdication des responsabilités particulières qu’il doit assumer, en toutes circonstances, comme membre permanent du Conseil de Sécurité ». Azzedine Belferag
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