Hippolyte Fofack analyse la crise du coût de la vie qui frappe l’Afrique, entraînant des manifestations dans plusieurs pays. Il souligne que contrairement aux économies avancées où l’inflation tend à se rapprocher de l’objectif de 2%, elle reste obstinément élevée en Afrique, atteignant des taux à deux chiffres dans près d’un tiers des pays.
L’auteur prend l’exemple du Nigeria, où l’inflation a atteint 34% en mai 2024, son plus haut niveau depuis 28 ans. Il explique que cette situation réduit le pouvoir d’achat des ménages et accroît le risque d’insécurité alimentaire, en particulier pour les plus pauvres. Fofack note que les réformes gouvernementales, comme la dévaluation du naira, n’ont fait qu’aggraver la situation.
Selon l’auteur, l’inflation touche davantage les ménages à faible revenu en Afrique, car ils consacrent une part plus importante de leur budget aux produits de première nécessité. Il souligne que les dépenses alimentaires représentent environ 40% des dépenses de consommation en Afrique subsaharienne, contre 16% dans les économies avancées.
Fofack met en lumière le phénomène d' »inégalité de l’inflation », où les prix augmentent plus rapidement pour les personnes à faibles revenus. Il explique que cette dynamique est particulièrement marquée en Afrique, où la hausse disproportionnée des prix des denrées alimentaires a considérablement augmenté les coûts de sécurité et d’assistance sociale.
L’auteur critique les politiques gouvernementales qui ont accentué la crise, notamment l’augmentation des impôts et la réduction des dépenses sans discernement. Il cite le Kenya et le Nigeria, où les paiements d’intérêts sur la dette souveraine absorbent une part importante des recettes, limitant la capacité des gouvernements à soutenir les groupes vulnérables.
Face aux manifestations, Fofack note que certains gouvernements reviennent sur leurs politiques procycliques. Il cite l’exemple du Kenya, où le président a retiré un projet de loi de finances controversé, et du Nigeria, qui a suspendu temporairement les droits d’importation sur certains produits alimentaires.
Pour résoudre ces problèmes à long terme, l’auteur préconise une transformation structurelle des économies africaines. Il souligne l’importance d’investir dans la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et de stimuler l’industrialisation pour créer des emplois bien rémunérés. Fofack argue que cela favoriserait le développement de chaînes de valeur régionales, stimulerait le commerce intra-africain et réduirait la dépendance à l’égard de l’aide extérieure.
Enfin, l’auteur insiste sur la nécessité pour les décideurs politiques africains d’égaliser l’accès aux opportunités et de parvenir à une prospérité partagée. Il critique l’approche tribale de la gouvernance qui a longtemps sapé le développement national et exacerbé les inégalités. Fofack conclut en appelant à une approche plus inclusive du développement pour renforcer la cohésion nationale et améliorer la sécurité économique des populations africaines.
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