Le récent discours du roi Mohammed VI devant le Parlement marocain a été interprété comme un signal d’alarme par de nombreux observateurs, dont le Dr. Slimane Aradj, professeur à l’Université d’Alger, qui le qualifie de « déclaration d’état d’urgence maximal ». Cette allocution survient dans un contexte de crises multiples et de manifestations populaires croissantes.
Le Maroc subit un revers diplomatique majeur suite aux décisions de la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) concernant le Sahara occidental. Ces jugements, annulant les accords commerciaux UE-Maroc incluant ce territoire, portent un coup dur à la stratégie marocaine.
La situation économique est préoccupante, avec un chômage élevé, particulièrement chez les jeunes, une inflation galopante et une baisse du pouvoir d’achat. La perte potentielle des revenus issus des accords avec l’UE menace d’aggraver cette situation.
Le système du Makhzen montre des signes d’essoufflement. Le Dr. Aradj évoque une « reconnaissance officielle de la faillite du régime du Makhzen » et pointe l’échec des efforts diplomatiques du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
Montée des contestations populaires
Des manifestations d’ampleur inédite se multiplient dans les grandes villes marocaines. Les revendications portent sur la cherté de la vie, le chômage et la précarité. Le mouvement du Rif, symbole de la contestation, continue de mobiliser malgré la répression. Les décisions de la CJUE ont également ravivé le débat sur la question du Sahara occidental, avec des manifestations de soutien à la cause sahraouie se multipliant, notamment dans les universités.
Face à cette situation, le pouvoir marocain oscille entre répression et tentatives de dialogue. Les autorités n’hésitent pas à recourir à la force pour disperser les manifestations et à arrêter militants, journalistes et blogueurs critiques. Parallèlement, le roi Mohammed VI a évoqué la nécessité de réformes profondes, sans en préciser la nature. Des annonces de plans d’investissements et de mesures sociales sont faites régulièrement, mais peinent à convaincre une population de plus en plus sceptique.
Le Dr Aradj met en garde contre le risque d’un « soulèvement social » majeur. L’incapacité du gouvernement à répondre aux besoins fondamentaux des citoyens, couplée à l’échec diplomatique sur la question du Sahara occidental, crée un cocktail potentiellement explosif. La résistance du peuple sahraoui et l’érosion du discours officiel marocain sur la scène internationale ajoutent une pression supplémentaire sur le régime.
Le statu quo semble de moins en moins tenable, alors que les appels à des changements profonds se font de plus en plus pressants. La capacité du régime à se réinventer et à répondre aux aspirations de sa population sera déterminante pour éviter une escalade des tensions et préserver la stabilité du Royaume.
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