Face aux défis de la sécurité alimentaire et à la nécessité de réduire sa dépendance aux importations, l’Algérie déploie une stratégie ambitieuse de développement de sa production agricole. Les annonces faites par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, dessinent les contours d’une transformation majeure du secteur agroalimentaire algérien.
Le secteur laitier connaît une expansion significative avec l’ouverture programmée de trois nouvelles usines stratégiques. Dès novembre 2024, deux unités de production entreront en service : une laiterie publique à Bouira d’une capacité de 250.000 litres quotidiens, et une installation privée à Bordj Badji Mokhtar produisant 11.200 litres par jour. L’événement phare sera l’inauguration, en février 2025, d’une méga-laiterie à Rouiba (Alger) capable de produire un million de litres quotidiens. Cette dernière, dont les travaux sont achevés à 95%, jouera un rôle crucial dans l’approvisionnement de la capitale et des régions avoisinantes, particulièrement pendant le Ramadan.
Le projet le plus ambitieux résulte d’un partenariat entre le Fonds national d’investissement (FNI) et la société qatarie Baladna dans la wilaya d’Adrar. Cet investissement colossal de 3,5 milliards de dollars s’étend sur 117.000 hectares et comprend trois volets : une ferme fourragère, un complexe d’élevage bovin, et une usine de production de lait en poudre. L’objectif est de couvrir 50% des besoins nationaux en lait en poudre avec une production annuelle de 194.000 tonnes, tout en générant 84.000 veaux par an pour le marché de la viande rouge. Ce méga-projet créera 5.000 emplois directs.
Dans le secteur céréalier, l’Algérie vise l’autosuffisance en blé dur et en orge d’ici 2025-2026. Une attention particulière est portée au développement des superficies irriguées, notamment dans le Sud. Le groupe italien Best Food contribuera à cet effort avec un projet sur 36.000 hectares à Timimoune, dont les premières cultures démarreront en décembre 2024 pour le blé dur (3.546 ha) et en avril 2025 pour les légumineuses (2.364 ha).
La culture du maïs jaune n’est pas en reste, avec un objectif d’extension des surfaces cultivées à 220.000 hectares d’ici 2027. Un pôle de production majeur de 35.000 hectares est prévu à In Salah.
Cette transformation du secteur agricole s’accompagne d’une réorganisation du réseau de distribution, notamment pour le lait subventionné. Le pays compte désormais 127 laiteries, dont 15 publiques, et les quotas mensuels de lait en poudre alloués aux wilayas ont été augmentés, passant de 15.000 tonnes en 2023 à 21.000 tonnes en 2024.
Ces investissements massifs témoignent de la volonté de l’Algérie de réduire sa dépendance aux importations alimentaires tout en modernisant son secteur agricole. La diversification des cultures, l’augmentation des capacités de production et l’attraction d’investissements étrangers constituent les piliers de cette stratégie nationale visant à garantir la sécurité alimentaire du pays. R.E
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