L’arrestation récente de Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger a déclenché une vague d’indignation au sein de certains cercles politiques et intellectuels français, mettant en lumière l’existence persistante d’un courant hostile envers l’Algérie. Cette réaction révèle une fois de plus les contradictions flagrantes dans le positionnement de la France sur les questions de souveraineté et de droits.
La mobilisation immédiate d’un large spectre de personnalités françaises, allant de l’extrême-droite aux cercles culturels établis, témoigne de l’existence d’un réseau d’influence structuré. Eric Zemmour, Mohamed Sifaoui, Marine Le Pen, Xavier Driencourt, Valérie Pécresse, Jack Lang et Nicolas Dupont Aignan se sont empressés de monter au créneau pour défendre celui qu’ils considèrent comme un intellectuel de référence. Même Tahar Bendjelloun, écrivain marocain proche du pouvoir, s’est joint à ce concert de protestations.
Cette mobilisation intervient dans un contexte particulièrement tendu. En effet, ce lobby anti-algérien traverse une période difficile, marquée par plusieurs revers. L’attribution controversée du prix Goncourt à Kamel Daoud, accusé d’avoir instrumentalisé la souffrance d’une victime du terrorisme, a été suivie par l’émission d’un mandat d’arrêt international contre Benjamin Netanyahu par la Cour pénale internationale. L’arrestation de Sansal, figure de proue de la maison d’édition Gallimard, s’ajoute à ces événements, alors même qu’il fait l’objet d’accusations de plagiat concernant son roman « 2084 la fin du Monde » par l’écrivain Wassini Larredj.
La réaction officielle française, incarnée par le président Macron qui s’est dit « très préoccupé » par cette situation, souligne les contradictions de la position française. Alors que Paris s’indigne de l’arrestation de Sansal, elle reste ambiguë sur sa capacité à arrêter Benjamin Netanyahu si celui-ci devait se présenter à l’aéroport Charles De Gaulle, malgré le mandat d’arrêt international qui le vise.
Ces contradictions sont d’autant plus frappantes que le président Macron a lui-même reconnu les « crimes contre l’Humanité » commis pendant la colonisation française en Algérie, admis la responsabilité de l’État français dans les assassinats d’Ali Boumendjel, Maurice Audin et Larbi Ben M’hidi. Pourtant, la France prend aujourd’hui la défense d’un auteur qui remet en cause l’existence même, l’indépendance, l’Histoire et la souveraineté de l’Algérie.
L’ironie de la situation est particulièrement visible dans le traitement différencié du révisionnisme. Alors que la France dispose d’un arsenal législatif strict contre le négationnisme, notamment à travers la loi Gayssot concernant la Shoah, elle semble plus tolérante envers les discours remettant en cause l’existence de la nation algérienne.
Cette nouvelle crise illustre une constante dans les relations franco-algériennes : à chaque tension, Paris tend à faire porter la responsabilité à Alger, ignorant la cohérence de la position algérienne. L’accusation d’atteinte à la liberté d’expression paraît particulièrement mal venue alors que la France détient actuellement Pavel Durov, fondateur de Telegram, une plateforme mondiale d’expression libre.
Cette affaire Sansal révèle ainsi les paradoxes d’une certaine élite française qui, tout en prônant les droits de l’homme et la liberté d’expression, semble incapable de dépasser ses réflexes post-coloniaux et ses positions partiales lorsqu’il s’agit de l’Algérie. Elle met en lumière la persistance d’un regard biaisé sur les questions de souveraineté et d’indépendance nationale, particulièrement lorsqu’elles concernent l’ancien empire colonial français. R.N
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