Sansal, un révélateur des velléités postcoloniales

L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie a provoqué une réaction disproportionnée et hautement symbolique de la haine que voue la classe politique française à l’Algérie. Cela révèle surtout les contradictions flagrantes de la classe politique française, son parti pris et sa collusion avec le lobby morroco-sioniste.

Boualem Sansal, intellectuel connu pour son hostilité à l’Algérie, terre qui a accueilli ses parents fuyant les affres du Makhzen, a été interpellé alors qu’il était porteur d’un passeport algérien, un élément juridique crucial qui rend sa situation diamétralement différente des narratifs politiques développés. Sa détention a immédiatement déclenché une vague de protestations et de condamnations parmi ce qui est appelé les élites politiques françaises, qui ont rapidement transformé l’événement en un combat médiatique et diplomatique.
Le contraste saisissant apparaît lorsqu’on examine le cas de l’écrivain français Hervé Ryssen, Lalin de son vrai nom, qui avait été condamné à un an de prison en première instance, en juin 2018, par la justice de son pays pour avoir diffusé sur la plate-forme You Tube une vidéo condamnant les agissements du régime sioniste. L’écrivain publiait d’ailleurs le 23 novembre sur son compte « X » : « La justice française m’a incarcérée pendant 7 mois pour mes publications sur le régime sioniste et je suis encore sous-bracelet électronique. La république française n’a pas de leçon à donner à l’Algérie en matière de liberté d’expression ». En matière de répression de la liberté d’expression, le bilan de Macron est sans équivoque, notamment pour les militants qui osent critiquer Netanyahu et les crimes sionistes à Ghaza. Les condamnations pour le motif fallacieux d’« apologie du terrorisme » sont montées en flèche ces derniers mois alors que militants, hommes politiques, intellectuels et figures publiques ont été traînées devant les tribunaux pour avoir simplement dénoncé le génocide sioniste à Ghaza. Ce qui est donc permis là bas ne l’est forcément pas ici chez nous … Un autre cas similaire contrastant avec la pseudo-équité de la justice française et son respect du droit est le cas d’Amira Bouraoui, cette Franco-Algérienne qui a bénéficié d’une exfiltration spectaculaire alors qu’elle était sous contrôle judiciaire en Algérie. Cette opération d’extraction illégale à la justice d’un pays souverain, présentée comme un « sauvetage humanitaire », illustre parfaitement la duplicité et l’instrumentalisation politique des situations individuelles.

Ingérence et indignation sélective

La réaction française face à l’arrestation de l’algérien Boualem Sansal démontre une posture interventionniste qui oscille entre ingérence et indignation sélective. Les mêmes responsables politiques qui brandissent aujourd’hui l’étendard des droits de l’homme restent singulièrement silencieux face à d’autres situations de violations judiciaires et humanitaires, à l’instar du génocide perpétré à ciel ouvert contre des populations civiles à Ghaza et au Liban, révélant une géométrie variable de l’indignation diplomatique.

Cette mise en scène politique orchestrée par la Droite française et son extrême traduit plusieurs réalités profondes. Premièrement, la persistance d’un tropisme postcolonial où la France se considère encore légitime pour juger et commenter les processus judiciaires algériens. Deuxièmement, la volonté de maintenir une influence, fut-elle symbolique, dans un pays qui a profondément réorganisé ses relations internationales depuis son indépendance. Le cas Sansal devient ainsi un révélateur des non-dits et des tensions non résolues entre la France et l’Algérie. L’écrivain, figure intellectuelle controversée qui n’a pas eu d’égard aux martyrs de la Révolution algérienne, les traitant de « terroristes », un crime imprescriptible d’atteinte aux symboles de son pays d’origine, se retrouve instrumentalisé par une classe politique prompte à transformer chaque événement en cause médiatique, feignant ne pas comprendre la complexité des enjeux juridiques et diplomatiques réels. L’exfiltration de Bouraoui, présentée comme un succès diplomatique, contraste singulièrement avec le chahut entourant l’emprisonnement d’un renégat. Cette différence de traitement interroge : Quels sont les critères réels définissant la protection consulaire ? S’agit-il de considérations juridiques objectives ou de calculs politiques opportunistes ?

La réaction française illustre également les limites d’une diplomatie qui peine à dépasser les schémas historiques postColoniaux. L’Algérie, nation souveraine, entend désormais définir ses propres règles judiciaires, sans ingérence extérieure. La France peine manifestement à intégrer pleinement cette nouvelle donne.

Cette affaire Sansal révèle donc plus qu’un simple différend judiciaire : elle expose les mécanismes complexes des relations franco-algériennes, où les lobbys sionistes et autres nostalgiques de l’Algérie française et l’émotion médiatique le disputent à la raison diplomatique et au respect du droit, où les postures vertueuses masquent mal les arrière-pensées géopolitiques.

L’intelligentsia française, prompte à se mobiliser dès lors qu’il s’agit de notre pays, devrait peut-être interroger cette tendance à l’indignation sélective, qui dessert plus qu’elle ne sert la cause des libertés individuelles et la compréhension mutuelle entre deux nations libres et indépendantes.

A vrai dire, la raison réelle qui motive tout ce charivari réside dans les avancées réalisées par l’Algérie qu’on donnait pour moribonde. La spectaculaire parade du défilé du 1er Novembre célébrant le 70e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne en 1954 et l’exhibition militaire avec tout l’arsenal sophistiqué et ultra moderne a été le principal déclencheur de toute cette hostilité à l’autre côté de la Méditerranée. Les nostalgiques de l’Algérie française et autres révisionnistes n’ont pu se résoudre à l’idée de voir tant de développement en si peu de temps de la part d’une nation prise sous leur joug colonial un siècle et demi durant. Le projet d’aliénation de l’Algérien n’a pu se concrétiser face à une nation qui possède une armée puissante et moderne, bien équipée, une économie florissante et des richesses importantes mises en évidence ont fini par mettre à mal l’espoir de la France de voir l’Algérie s’écrouler. Azzedine Belferag

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