Dans un contexte juridique complexe, l’avocate Fatima Zohra Benbraham a mis en lumière des manœuvres troublantes autour du procès opposant sa cliente Saâda Arbane à l’écrivain Kamel Daoud. Un dossier qui dépasse un simple litige littéraire et soulève des questions fondamentales sur l’éthique et la justice.
L’élément le plus surprenant réside dans les tentatives de délocalisation du procès. Selon Maître Benbraham, des avocats français cherchent à déplacer l’instance judiciaire de l’Algérie vers la France, profitant de la nationalité française octroyée à Kamel Daoud.
« Une frange d’avocats français est en train de me contacter pour délocaliser le procès en France. C’est un véritable scandale », dénonce-t-elle. Elle interpelle directement la profession, demandant si ces avocats sont de véritables professionnels du droit ou des « politiciens habillés en robe d’avocat ».
Un point crucial concerne la nationalité de Daoud. L’écrivain n’a pas demandé la nationalité française, mais s’est la vu octroyée par décret présidentiel, ce qui soulève des interrogations.
« Daoud n’a jamais demandé la nationalité française. Cela veut dire que le président Macron lui a donné la nationalité en pensant bien qu’un jour il en aura besoin », déclare-t-elle avec une ironie mordante.
Sa position est claire : la nationalité d’origine prime. Kamel Daoud reste un citoyen algérien, n’ayant jamais demandé la déchéance de sa nationalité initiale.
Le cœur du litige réside dans l’accusation de Saâda Arbane. Elle affirme que Kamel Daoud a utilisé son histoire personnelle pour son roman « Houris », violant son intimité et son secret médical.
Deux plaintes ont été déposées au tribunal d’Oran pour violation du secret professionnel, diffamation des victimes du terrorisme et violation de la loi sur la réconciliation nationale.
Un dossier médical mystérieusement disparu
Une révélation troublante concerne la disparition du dossier médical de Saâda Arbane. Selon Maître Benbraham, les documents auraient été soustraits par l’épouse de Daoud, fonctionnaire à l’hôpital.
« Apparemment le dossier médical a disparu. La femme de Daoud a pris les documents pour les remettre à son mari et n’ont pas été restitués à l’hôpital », explique-t-elle.
Cette soustraction pourrait constituer un vol de documents administratifs, passible de sanctions pénales.
L’avocate met en garde contre la tentative de délocaliser le procès en France. Selon elle, un juge français, sans accès au dossier complet, classerait probablement l’affaire faute de preuves.
« Si nous allons devant un juge français, qui n’a aucune possibilité d’accéder au dossier, il va clôturer le dossier faute de preuves et l’affaire sera morte », prévient-elle.
Maître Benbraham souligne que ni Kamel Daoud ni son épouse n’ont répondu à ses sollicitations depuis la révélation publique de l’affaire.
« Depuis que j’ai fait éclater ce dossier et apporté toutes les preuves, personne n’a répondu. Et qui ne dit rien consent », affirme-t-elle.
Cette affaire dépasse un conflit littéraire. Elle soulève des questions profondes sur l’éthique éditoriale, le respect de l’intimité et les mécanismes de la justice internationale.
Maître Benbraham reste confiante : « Nous allons dans le sens du droit et du droit simplement. » A.B
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