Le blé français perd le marché algérien : un coup dur pour la balance commerciale

La filière céréalière française subit une perte historique sur le marché algérien, avec des répercussions majeures sur sa balance commerciale. Les chiffres révélés par FranceAgriMer sont alarmants. Depuis octobre 2024, un seul navire transportant 31 000 tonnes de blé a quitté les ports français vers l’Algérie, contre un volume habituel de 1,6 million de tonnes. Cette chute vertigineuse des exportations traduit une rupture sans précédent dans ce partenariat commercial stratégique.

L’impact financier est considérable pour l’économie française. Selon Philippe Heusele, secrétaire général de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), les recettes d’exportations de céréales ont connu une dégringolade spectaculaire, passant de 11 milliards d’euros en 2022 à 6,5 milliards en 2023. Les prévisions pour 2024 sont encore plus pessimistes, laissant présager une nouvelle baisse significative des revenus pour la filière.

Cette situation critique s’explique par plusieurs facteurs convergents. D’une part, la qualité du blé français a été jugée « vraiment mauvaise en début de campagne », comme le souligne le courtier Damien Vercambre. Ce problème qualitatif a ouvert la porte aux concurrents de la mer Noire, qui ont su saisir l’opportunité pour s’imposer sur le marché algérien. D’autre part, les exportations françaises de céréales ont chuté à 9,7 millions de tonnes, un niveau bien inférieur aux 15-16 millions de tonnes habituelles.

La concurrence du blé ukrainien aggrave encore la situation. Les exportations ukrainiennes vers l’Union européenne ont explosé, passant de 150 000 tonnes en 2021 à 7 millions de tonnes en 2023, une augmentation facilitée par la suppression des droits de douane de 95 euros par tonne suite au conflit avec la Russie. Face à cette situation, l’AGPB réclame le rétablissement des droits de douane sur les importations ukrainiennes, arguant que les flux de grains s’écoulent désormais normalement depuis l’Ukraine.

L’Algérie, de son côté, a diversifié ses sources d’approvisionnement, faisant passer le nombre de ses fournisseurs de 22 à 32. Cette stratégie s’accompagne d’un programme ambitieux de développement de sa production nationale, réduisant ainsi sa dépendance historique envers le blé français.

Pour la filière céréalière française, l’enjeu est désormais crucial. Les professionnels du secteur doivent non seulement améliorer la qualité de leur production pour reconquérir la confiance du marché algérien, mais aussi identifier rapidement de nouveaux débouchés pour compenser ces pertes significatives. Si les relations commerciales globales entre la France et l’Algérie restent dynamiques, avec une hausse de 8% des exportations françaises en 2024, la perte du marché du blé représente un tournant majeur qui pourrait durablement affecter la balance commerciale française.

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