Le projet de réalisation du Corridor sud pour le transport d’hydrogène vert des sites de production en Algérie vers le cœur de l’Europe entre dans sa phase de concrétisation avec la signature mardi à Rome d’une déclaration commune d’intentions politiques.
Dans un contexte de transition énergétique mondiale et d’urgence climatique, la première réunion ministérielle consacrée au projet du Corridor Sud de l’hydrogène s’est tenue ce mardi à Rome. Cette rencontre historique a abouti à la signature d’une déclaration commune d’intentions politiques, marquant une étape cruciale dans le développement de ce projet stratégique visant à relier les sites de production d’hydrogène vert en Algérie au marché européen. La réunion, qui rassemblait des représentants de haut niveau de plusieurs pays européens et nord-africains, témoigne de l’importance croissante accordée aux énergies renouvelables dans la région euro-méditerranéenne. La rencontre a réuni notamment Antonio Tajani, Vice-président du Conseil des ministres italien et ministre des Affaires étrangères, Gilberto Pichetto Fratin, ministre italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, ainsi que Philipp Nimmermann, secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de l’Économie et de la Protection du climat. La délégation algérienne était conduite par Mohamed Arkab, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies Renouvelables, accompagné de Noureddine Yassa, secrétaire d’État chargé des énergies renouvelables, et de plusieurs hauts responsables du secteur énergétique, dont les PDG de Sonatrach et Sonelgaz, respectivement Rachid Hachichi et Mourad Adjel. Cette réunion s’inscrit dans la continuité du protocole d’accord signé en octobre 2024 à Oran, qui avait déjà posé les jalons de cette ambitieuse collaboration énergétique. Le projet SoutH2 Corridor représente bien plus qu’une simple infrastructure de transport : il incarne la vision stratégique de l’Algérie dans le domaine de l’hydrogène vert et sa volonté de devenir un acteur majeur de la transition énergétique mondiale.
Dans son intervention lors de la réunion, Mohamed Arkab a particulièrement insisté sur l’engagement résolu de l’Algérie dans le développement d’une industrie de l’hydrogène vert. Le ministre a mis en avant les atouts considérables dont dispose son pays, notamment sa position géographique stratégique, ses ressources abondantes en énergie solaire et éolienne, ainsi que ses infrastructures énergétiques déjà bien développées. Il a souligné l’ambition de l’Algérie de s’imposer comme un hub régional pour la production et l’exportation d’hydrogène vert vers l’Europe, contribuant ainsi à la diversification des sources d’approvisionnement énergétique et à la réduction des émissions de carbone.
Le ministre a également mis l’accent sur la dimension stratégique de ce projet pour le renforcement de l’intégration énergétique entre l’Algérie et l’Europe. Il a appelé à la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire adapté, au développement des compétences humaines et technologiques, ainsi qu’à l’attraction des investissements nécessaires pour accélérer la transition énergétique. Arkab a particulièrement insisté sur l’importance de la coopération internationale pour faciliter le transfert de technologies et développer des partenariats entre les secteurs public et privé.
La déclaration commune signée à Rome reconnaît explicitement le potentiel considérable de l’Algérie et de la Tunisie en matière de production d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert. Elle souligne l’importance de renforcer la sécurité énergétique entre la région et l’Union européenne pour soutenir la croissance verte. Les signataires ont convenu de la nécessité de développer des infrastructures dédiées à l’hydrogène et d’accélérer la transition énergétique durable pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, tout en attirant les investissements en Algérie et en Tunisie pour soutenir le marché local, créer des emplois et promouvoir l’innovation.
Cette ambition s’inscrit dans une stratégie nationale élaborée en 2023, qui vise à positionner le pays comme un fournisseur clé pour l’Europe, dont les besoins en hydrogène vert sont estimés à 10 millions de tonnes à l’horizon 2030. L’Algérie affiche des objectifs particulièrement ambitieux, prévoyant d’exporter 1,2 million de tonnes d’hydrogène vert vers l’Europe d’ici 2040, tout en développant une production de 300 000 tonnes d’hydrogène vert et bleu destinée à la décarbonation de ses secteurs d’activités prioritaires. Le SoutH2 Corridor jouera un rôle central dans la réalisation de ces objectifs, avec une capacité prévue de transport de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an depuis l’Algérie vers l’Union européenne. Ce projet s’appuiera sur des infrastructures existantes tout en prévoyant la création de nouvelles installations si nécessaire. L’Algérie, forte de ses avantages comparatifs, vise ainsi à capturer 10% du marché européen de l’hydrogène vert. En marge de la réunion ministérielle, un forum d’affaires a été organisé, réunissant les principales entreprises impliquées dans le projet, notamment Sonatrach et Sonelgaz pour l’Algérie, VNG pour l’Allemagne, SNAM pour l’Italie, SEA CORRIDOR (partenariat entre Eni et SNAM), et VERBUND Green Hydrogen pour l’Autriche. Ce forum a permis d’explorer les opportunités d’investissement et de collaboration industrielle, essentielles pour assurer la réalisation effective de ce projet ambitieux. Pour assurer le suivi et la mise en œuvre efficace du projet, les parties signataires se sont engagées à coordonner leurs politiques et à échanger leurs expertises à travers un groupe de travail conjoint qui se réunira tous les six mois. Cette initiative témoigne de l’engagement fort de l’Algérie à jouer un rôle de premier plan dans la transition énergétique mondiale, en développant des partenariats durables avec l’Europe tout en contribuant activement aux objectifs climatiques internationaux. Samira Ghrib
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