La question des essais nucléaires français en Algérie connaît un nouveau développement majeur avec l’intervention remarquée du professeur Abdelmadjid Zaalani, président du Conseil national des droits de l’homme en Algérie. Dans le contexte d’une démarche internationale croissante, il souligne l’urgence d’obtenir des réponses de la France concernant ces expérimentations qui ont marqué l’histoire des deux pays. Cette initiative s’appuie notamment sur un rapport détaillé de 14 pages, transmis à Paris en septembre 2024 par trois rapporteurs du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, exigeant la déclassification des documents relatifs à ces essais et la divulgation des zones précises concernées. L’une des révélations les plus troublantes concerne l’utilisation présumée de prisonniers algériens comme sujets d’expérimentation, transférés depuis une prison de Sidi Bel Abbès, ce qui contredit directement la version officielle française selon laquelle ces essais auraient été menés dans des zones totalement inhabitées. Face à ces accusations graves, le silence persistant de la France ne fait qu’amplifier les appels à la reconnaissance de sa responsabilité et à la présentation d’excuses officielles, d’autant plus que l’impact de ces essais dépasserait largement les frontières algériennes, avec des traces de contamination radioactive détectées jusqu’en Afrique de l’Ouest et dans le bassin méditerranéen. Le rapport onusien insiste sur plusieurs points cruciaux : la nécessité de déclassifier les archives militaires, l’établissement d’une cartographie précise des zones contaminées, et l’application effective de la loi française de 2021 modifiant la loi Morin de 2010 pour faciliter l’indemnisation des victimes. L’Algérie demande également la mise en œuvre d’un plan de décontamination rigoureux, faisant appel aux technologies avancées détenues par la France et d’autres puissances nucléaires. Sur le plan diplomatique et juridique, bien que le professeur Zaalani préconise la poursuite du dialogue mémoriel avec la France, il reconnaît que le contexte politique actuel, marqué par la montée de l’extrême droite en France, complique cette démarche. Néanmoins, l’Algérie dispose d’atouts stratégiques, notamment son siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et au Conseil des droits de l’homme, pour porter cette question sur la scène internationale avant la fin de son mandat en décembre. Des recours juridiques auprès de la Cour pénale internationale ou de la Cour de justice de l’Union européenne restent également envisageables. Cette quête de vérité et de justice, bien que complexe et potentiellement longue, représente un enjeu majeur pour l’Algérie dans sa volonté d’obtenir reconnaissance et réparation pour l’un des chapitres les plus sombres de son histoire récente. Les prochains mois seront décisifs dans l’évolution de ce dossier qui continue de peser sur les relations franco-algériennes et soulève des questions fondamentales sur la responsabilité des États face à leur passé colonial et leurs expérimentations nucléaires. A.B
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