Alors que la 46ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine s’est ouverte mercredi à Addis-Abeba, l’attention se porte sur la succession du Tchadien Moussa Faki Mahamat à la présidence de la Commission. Cette réunion préparatoire au 38e sommet des chefs d’État et de Gouvernement, prévu les 15 et 16 février dans la capitale éthiopienne, marque le début d’une période cruciale pour l’organisation panafricaine, qui devra choisir entre trois candidats d’Afrique de l’Est pour diriger son organe exécutif. La succession intervient dans un contexte particulièrement délicat, marqué par la multiplication des conflits régionaux et des défis sécuritaires sur le continent. Raila Odinga, figure historique de l’opposition kényane, émerge comme le favori dans cette course à la présidence. À 80 ans, cet ancien prisonnier politique, qui a passé près de huit ans en détention arbitraire entre 1982 et 1991 pour son engagement contre le régime de parti unique au Kenya, bénéficie du soutien officiel de nombreux chefs d’État, dont le président kényan William Ruto. Son parcours politique impressionnant, jalonné de cinq candidatures à la présidence du Kenya et d’un bref exil en Norvège, témoigne de sa résilience politique. Entré au Parlement kényan lors des premières élections multipartites de 1992, Odinga a cependant dû faire face aux questions concernant son âge avancé et ses ambitions politiques nationales, ayant laissé entrevoir en novembre dernier la possibilité d’une nouvelle candidature à la présidence kényane en 2027. Face à lui, Mahamoud Ali Youssouf, 59 ans, ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005, se présente comme un diplomate chevronné. Polyglotte maîtrisant le français, l’anglais et l’arabe, ce proche du président Ismaïl Omar Guelleh a mené une campagne discrète, mettant en avant ses compétences diplomatiques et sa capacité à naviguer dans les eaux troubles de la politique continentale. Lors d’un entretien récent, il a notamment pointé du doigt les problèmes de gouvernance qui secouent certains pays africains, particulièrement ceux ayant connu des coups d’État. Le troisième candidat, Richard Randriamandrato, 55 ans, ancien ministre malgache des Affaires étrangères, apporte une dimension particulière à cette course. Sa candidature de dernière minute en août dernier a été marquée par son parcours singulier, notamment son limogeage en octobre 2022 de son poste de ministre des Affaires étrangères après avoir voté en faveur d’une résolution onusienne condamnant les annexions russes en Ukraine. Son expérience antérieure comme ministre des Finances de Madagascar ajoute une dimension économique à son profil. Cette élection s’annonce comme un moment décisif pour l’Union africaine, qui devra choisir entre l’expérience politique d’Odinga, l’expertise diplomatique de Youssouf, et le profil technocratique de Randriamandrato, dans un contexte où l’organisation doit faire face à des défis majeurs en matière de paix, de sécurité et de développement économique. A.B
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