La pratique de la répression est toujours active contre les voix discordantes et critiques vis-à-vis du Palais royal au Maroc, indique un article publié dans un magazine économique français qui prévoit par ailleurs de nouveaux mouvements sociaux ou mobilisations de l’opinion dans un futur proche.
Selon l’article publié dans le mensuel « Alternatives Economiques », plusieurs faits démontrent « le resserrement de l’étau autoritariste sur les voix discordantes et critiques vis-à-vis du Palais et de ses orientations politiques ».
D’après l’auteur, le mouvement social du Rif au nord du royaume, entre 2016 et 2017, « démontre la pratique, toujours active, de la répression et de l’arbitraire dans le rapport aux administrés, mais aussi l’impuissance du gouvernement dirigé par le Premier ministre à prendre toute initiative autonome par rapport aux choix du Palais ».
Nasser Zefzafi, symbole du mouvement rifain, a été condamné à vingt ans de prison ferme pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat » et aurait subi, selon ses propres termes, « les pires pratiques de torture ».
Par-delà ce cas emblématique, rappelle l’auteur, de nombreuses ONG (Human Rights Watch, Amnesty International, Association marocaine des droits humains ) ont dénoncé des atteintes graves à la liberté d’expression qui se traduisent par des arrestations brutales, suivies de condamnations judiciaires.
Il citera deux exemples révélateurs de ce durcissement autoritaire visant spécialement des individus critiquant l’Etat et ses symboles, c’est-à-dire son fonctionnement et son principal acteur, le roi. « Mohamed Sekkaki, un jeune youtubeur marocain, a été condamné en décembre 2019 à quatre ans de prison ferme pour avoir critiqué Mohammed VI et les institutions de l’Etat dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
Abdelali Bahmad, 35 ans, a subi un procès pour outrage au drapeau national » après avoir écrit sur Facebook en octobre 2019 qu’il n’avait « pas les moyens d’acheter des allumettes pour brûler le drapeau marocain », manière de rendre compte de sa situation miséreuse.
Le code pénal est également contraignant pour l’exercice des libertés individuelles sur d’autres sujets. Idem pour le code de la famille qui, bien que réformé en 2004, continue de perpétuer des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes, selon la même source.
En matière économique, les lignes ont peu bougé depuis 2011 Mohammed VI reste, y compris dans ce domaine, un acteur clé et décisif, dans la mesure où le roi est également homme d’affaires, via la holding Al Mada, explique-t-on.
A côté du programme économique du gouvernement qui est soumis au Parlement, celui que le Palais fixe tend souvent à « s’imposer, sans débat public contradictoire ni légitimation démocratique », lit-on dans l’analyse.
Ainsi, de l’Initiative nationale pour le développement humain lancée en 2005 ou des nombreux accords de libre-échange conclus dans les années 2000, qui ont été respectivement adoptés ou négociés par l’administration royale sans que les parlementaires aient voix au chapitre. « Pourtant, l’Initiative n’est parvenue ni à enrayer l’appauvrissement d’une grande partie de la population, ni à réduire le chômage dans le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord, selon l’ONG Oxfam.
Quant aux accords commerciaux, ils n’ont pas davantage stabilisé la balance commerciale, marquée par des déficits réguliers », a-t-on relevé.
De manière générale, souligne l’auteur, bien que le pays ait opté pour la libéralisation de l’économie dans les années 1980 et que le secteur privé y soit en principe prééminent, les marchés intérieurs restent « peu concurrentiels et les acteurs capitalistes fragilisés par la tutelle des acteurs publics ».
En pratique, la prééminence affichée du secteur privé profite moins au développement structurel et social du pays qu’au capital privé des cercles proches du Palais (secteurs commercial et financier), via des privatisations d’entreprises publiques notamment, et au capital étranger (secteur industriel), via le désengagement de l’Etat.
Dans un tel contexte, « il n’est pas exclu que nous assistions à un horizon proche à de nouveaux mouvements sociaux ou mobilisations de l’opinion.
Et, en réponse, à des phénomènes de répression ou d’intimidation de la part du pouvoir », a prévenu l’auteur. APS
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