Le 6 juillet 2024, un projet ambitieux a été annoncé à Alger, marquant un tournant significatif pour l’agriculture algérienne. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, accompagné de son homologue italien, Francesco Lollobrigida, a dévoilé un projet intégré de production de céréales, légumineuses, et pâtes alimentaires dans la wilaya de Timimoun. Ce projet, fruit d’une collaboration entre le ministère algérien et la société italienne Bonifiche Ferraresi (BF), vise à transformer l’économie agricole du pays en augmentant la production nationale de blé dur de 170.000 tonnes par an.
Un pas vers l’autosuffisance alimentaire
L’Algérie a toujours aspiré à l’autosuffisance alimentaire, et ce projet en est une concrétisation. En plus d’augmenter la production de blé dur, le projet promet des rendements significatifs pour d’autres cultures stratégiques : 7.100 tonnes de lentilles, 14.000 tonnes de haricots et 11.000 tonnes de pois chiches par an. Selon M. Cherfa, cette initiative permettra de satisfaire 80% de la demande nationale de blé dur, avec 60% de la production destinée aux stocks stratégiques et 40% pour la transformation et l’exportation.
Le projet, géré par une joint-venture où le Fonds national d’investissement (FNI) détient 49% et la société italienne BF 51%, représente le plus grand investissement italien dans un projet agricole au sud de la Méditerranée. Lollobrigida a souligné l’importance de ce projet pour la création d’emplois et la génération de richesse, le qualifiant de « modèle de partenariat » entre l’Algérie et l’Italie.
La société italienne BF a prévu des programmes de formation pour les professionnels algériens et le développement de projets en collaboration avec des institutions académiques et de recherche algériennes. La première phase des travaux débutera avec le forage de puits pour l’installation d’un système moderne d’irrigation goutte à goutte, garantissant une utilisation optimale des ressources en eau.
Un projet de grande envergure
S’étendant sur 36.000 hectares, le projet de Timimoun inclura des installations de production de céréales et de légumineuses, une minoterie de blé dur, des lignes de production de pâtes alimentaires et de couscous, ainsi que des silos de stockage d’une capacité totale de 62.000 tonnes. Le projet prévoit l’utilisation de techniques avancées et la rotation des cultures, afin d’optimiser les rendements agricoles. Le projet s’inscrit dans le cadre du Plan national de développement des filières stratégiques, comprenant les céréales, les légumineuses, les plantes sucrières et oléagineuses, les semences. Les travaux débuteront en octobre 2024, coïncidant avec la saison des labours et semailles, et la première production est attendue pour l’été 2025. Le projet devrait être achevé en quatre ans, mettant ainsi en valeur 500.000 hectares dans le sud de l’Algérie d’ici 2027, conformément aux objectifs du Président Abdelmadjid Tebboune.
La signature de cet accord s’est déroulée en présence de hauts responsables algériens et italiens, soulignant l’importance stratégique de cette collaboration. En évoquant Enrico Mattei, figure emblématique de la coopération algéro-italienne, Lollobrigida a salué l’implication de l’Algérie dans le « Plan Mattei pour l’Afrique », renforçant les liens historiques entre les deux pays.
Ce projet intégré de production de céréales à Timimoun n’est pas seulement un pas vers l’autosuffisance alimentaire, mais également un exemple de partenariat fructueux et de développement durable, qui pourrait inspirer d’autres initiatives similaires dans la région et au-delà. Un accord similaire a été conclu fin avril avec, rappelle-t-on encore, le partenaire qatari « Baladna » pour mettre en œuvre un projet intégré d’élevage de vaches laitières et de production de lait en poudre dans la wilaya d’Adrar. R.E
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