Le contexte mondial du changement climatique, qui a dramatiquement impacté la disponibilité de l’eau, a provoqué un stress hydrique poussant les États à recourir à d’autres options non conventionnelles pour rendre disponible cette précieuse denrée.
« En Algérie, un vaste programme est lancé pour la réutilisation des eaux usées-épurées dans l’objectif de pallier la raréfaction de cette denrée et de répondre à l’impératif de l’irrigation agricole », indique, ce lundi, Salah Lahlah, sur les ondes de la Chaine 3.
Des expériences seront prochainement lancées au niveau des unités de production dans le secteur de l’agriculture, communément appelées « fermes pilotes », pour les injecter dans le processus de réhabilitation du Barrage vert, déclare M. Lahlah, inspecteur général à l’Office national d’assainissement.
Augmenter le taux de l’irrigation tertiaire
« Seize stations sont désormais dotées de systèmes d’épuration tertiaire qui permet une irrigation non restrictive, sont déjà opérationnelles dont six limitrophes du barrage vert», fait savoir le convive de l’émission « L’Invité du jour », de la chaine 3, de la Radio Algérienne.
Ce choix, dit-il, est dicté par la situation du contexte actuel causé par le dérèglement climatique qui a eu des conséquences dramatiques sur la disponibilité de cette ressource.
« On vit un déficit pluviométrique qui s’accentue, de plus en plus, et par conséquent le recours à d’autres ressources alternatives non conventionnelles s’impose pour pallier, un tant soit peu, à la problématique de la raréfaction de l’eau », relève le responsable.
Dans l’agricole, l’option de la réutilisation des eaux usées-épurées s’impose, ajoute-t-il, expliquant que celles-ci peuvent apporter une contribution intéressante au vu des opportunités qu’offre le parc des stations d’épuration à l’échelle nationale.
230 stations d’épuration à exploiter
« Nous avons un parc de 230 stations d’épuration avec une capacité d’épuration de plus d’un milliard de mètres cubes (m3) », informe M. Lahlah, déplorant qu’« il est inadmissible que cette ressource, garantie par des investissements lourds, reste sans valorisation et jetée dans la nature ».
Dans ce contexte, enjoint-il, le recours à cet espace de coopération et de concertation entre les deux secteurs des ressources en eau et de l’agriculture intervient dans ce cadre, rappelant qu’une « convention est signée entre deux entreprises relevant du secteur de l’hydraulique, à savoir l’Office national de l’assainissement et l’office national du drainage avec l’entreprise de développement des cultures agricoles stratégiques. »
Cette convention prévoit, selon l’invité de la Chaine 3, la consécration d’un quota des eaux usées traitées dans les stations d’épuration pour aller approvisionner les cultures stratégiques des 170 fermes pilotes où on cultive des céréales, des légumes secs, des plantes oléagineuses, d’arbres fruitiers et du blé.
Passer à un million d’hectares irrigables
Dans le détail, l’objectif, explique-t-il, est d’utiliser 60% de ces ressources dans l’irrigation des 66.000 hectares et d’en utiliser aussi à des fins industrielles et municipaux tout en accélérant l’atteinte du programme tracé, par les hautes autorités du pays, à l’effet de porter la superficie des terres irrigables à un million d’hectares.
Et d’ajouter « un important programme, initié dans le cadre de la stratégie des pouvoirs publics, visant l’usage de cette eau avec une enveloppe financière importante afin d’augmenter le volume des eaux épurées destinées à l’irrigation ».
L’impératif d’atteindre un milliard de m3
De grands efforts ont été lancés afin d’augmenter le taux de réutilisation pour atteindre l’objectif tracé par le président de la République à savoir l’utilisation de 60% des eaux épurées.
En réalité, précise l’intervenant, les 230 stations une fois dotées de systèmes d’épuration tertiaire des eaux usées à l’échelle nationale n’épurent que 560 millions m3 sur une capacité nominale de 1.1 milliard m3.Précisant que seuls 97 millions m3 d’eau épurée est produite par une vingtaine de stations d’épuration limitrophes des steppes sont concernées par cette pratique utilisant. C’est-à-dire 20% des 560 millions m3.
Un retard à rattraper
Un chiffre qu’il estime trop bas, soulignant qu’il est du au retard d’aller de l’avant dans cette pratique. Et de rappeler qu’il s’explique par le fait que les stations d’épurations existantes, par le passé n’étaient pas dotées de systèmes de traitement tertiaire.
La vision, selon lui, était destinée uniquement pour la protection de l’environnement. Autrement dit, « on réalisait des stations à traitement secondaire. Un traitement qui ne permet pas une irrigation non restrictif ou qui n’irrigue pas toutes les cultures ».
Encore faut-il, déplore l’orateur, le non engouement des agriculteurs disponibles. Et le recours à cette pratique ne se faisait sentir que sous l’impératif du nouveau contexte climatique. RA
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