Le dossier de la raffinerie Samir continue d’alimenter la controverse au Maroc, révélant un conflit d’intérêts majeur au sein du gouvernement et soulevant des questions sur la gestion des ressources énergétiques du pays. Cette saga, qui s’étire depuis près d’une décennie, met en lumière les tensions entre les intérêts privés et le bien-être des citoyens marocains.
La Samir, autrefois seule raffinerie du Maroc, a cessé ses activités en 2015, écrasée par une dette colossale de plus de 40 milliards de dirhams (environ 4,5 milliards de dollars). Cette faillite a non seulement privé le Maroc de sa capacité de raffinage, mais a aussi engendré un contentieux diplomatique avec l’Arabie Saoudite, le principal actionnaire de la Samir étant le milliardaire saoudien Mohammed Hussein Al-Amoudi.
Le conflit d’intérêts au cœur de cette affaire implique directement le Premier ministre actuel, Aziz Akhannouch. En tant que propriétaire d’Afriquia, l’une des plus grandes compagnies pétrolières du Maroc, Akhannouch se trouve dans une position délicate. D’un côté, son entreprise bénéficie de la libéralisation des prix du carburant mise en place en 2015. De l’autre, en tant que chef du gouvernement, il est censé défendre les intérêts des consommateurs marocains face à la flambée des prix.
Hussein El Yamani, coordinateur du Front national pour le sauvetage de la Samir, dénonce cette situation. Il affirme que le prix du diesel ne devrait pas dépasser 11,10 dirhams le litre, accusant le gouvernement Akhannouch de permettre une exploitation éhontée des consommateurs marocains au profit des compagnies pétrolières. El Yamani plaide pour un retour à la réglementation des prix et pour la relance de la Samir, une demande qui gagne en popularité parmi la population.
La faillite de la Samir a également des répercussions sur la dette publique marocaine. Les 40 milliards de dirhams de dettes de la raffinerie pèsent lourdement sur les finances de l’État, compliquant davantage la résolution de cette crise.
Par ailleurs, l’Association marocaine pour la protection des fonds publics, par la voix de son président Mohamed El Ghaloussi, pointe du doigt l’inertie des autorités face à la corruption. Il dénonce de nouvelles méthodes de détournement des fonds publics, notamment via l’organisation de festivals culturels dans des régions touchées par la sécheresse, alors que ces fonds pourraient être utilisés pour résoudre des problèmes plus urgents. R.I
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