Algérie-France: «reconstruire un partenariat d’égal à égal»

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, M. Jean-Noël Barrot, a exprimé, hier dimanche à Alger, la volonté de son pays de reconstruire «un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé» avec l’Algérie, dans l’intérêt mutuel des deux pays.

«Je suis venu à Alger pour porter un message du président de la République : la France souhaite tourner la page des tensions actuelles pour reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé avec l’Algérie», a déclaré le ministre français à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.

«Je me réjouis d’être aujourd’hui en Algérie. Je remercie de son invitation le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avec qui je me suis entretenu longuement en présence de mon collègue (le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines), Ahmed Attaf, avec lequel j’ai également eu une réunion de travail très utile ce matin», a-t-il dit.

«J’ai tenu à honorer cette invitation dans les plus brefs délais, moins d’une semaine après l’appel téléphonique entre les Présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune», a-t-il mentionné.

«Nous avons vécu ces derniers mois une période de tensions inédite qui ne sert ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français. Nous avons certes des divergences, nous ne pouvons les occulter, mais les liens humains, historiques et culturels qui nous unissent, je pense en particulier aux nombreuses familles franco-algériennes dont la vie se partage de part et d’autre de la Méditerranée, doivent nous conduire à reprendre le dialogue et à réinstaurer la coopération entre nos deux pays», a-t-il relevé, affirmant que «nos relations institutionnelles doivent être à la hauteur des relations humaines entre nos deux pays».

Il a indiqué que la France «souhaite retrouver les voies de la coopération avec l’Algérie dans notre intérêt mutuel, toutes les voies de la coopération, dans un souci d’efficacité et de résultats pour nos compatriotes».

Avec le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et le ministre M. Ahmed Attaf, «nous avons mis sur la table, avec franchise, l’ensemble des sujets qui nous ont préoccupés ces derniers mois afin de décliner les principes posés par les deux Présidents lors de leur entretien du 31 mars et de retrouver la dynamique et l’ambition fixées par les deux chefs d’Etat dans la déclaration d’Alger de 2022», a-t-il ajouté.

Barrot a annoncé une «réactivation de l’ensemble des mécanismes de coopération» avec l’Algérie. «Nous avons décidé de le faire avec sérieux, discrétion et efficacité, en réactivant dès aujourd’hui l’ensemble des mécanismes de coopération dans tous les secteurs. Nous revenons à la normale et pour reprendre les mots du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le rideau se lève», a-t-il souligné.

«Le rideau se lève d’abord dans notre coopération sur le plan de la sécurité. Les contacts entre les services de renseignement reprennent. Une réunion des plus hauts responsables de la sécurité de nos deux pays est désormais actée. Et de même nous aurons un dialogue stratégique sur le Sahel», a-t-il ajouté.

Dans le domaine de la coopération judiciaire, il a indiqué avoir confirmé au président de la République «la visite prochaine» du Garde des Sceaux, laquelle «s’accompagnera de la reprise du dialogue judiciaire entre nos deux pays».

«Nous avons beaucoup d’enjeux de coopération, notamment sur les conditions d’exécution rogatoire sur le dossier sensible des biens mal acquis», a-t-il relevé.

«J’ai évoqué, et le Garde des Sceaux aura l’occasion de le préciser, l’invitation par les services en charge du Parquet national financier à leurs homologues algériens de juridiction compétente à se rendre à Paris pour étudier tous les dossiers», a-t-il précisé.

Barrot a fait savoir que «dans le champ des mobilités, les deux Présidents sont convenus de la reprise, sans délai, de la coopération migratoire, ce qui m’a été confirmé par le Président Abdelmadjid Tebboune», expliquant que les questions des «réadmissions et visas seront traitées dans le cadre des dialogues via les procédures normales et fluides de la coopération consulaire».

Le Président Abdelmadjid Tebboune a indiqué qu’il était «favorable à une rencontre prochaine entre les consuls algériens en France et les Préfets. Nous allons maintenant l’organiser en lien avec le ministère algérien des Affaires étrangères», a-t-il soutenu.

«Nous sommes également convenus de travailler aux contenus des accords qui régissent nos relations sur le plan des mobilités, sur le plan migratoire et d’identifier les enrichissements nécessaires pour les rendre plus efficaces», a-t-il poursuivi.

S’agissant du domaine économique, «nous avons eu l’occasion de rappeler les difficultés apparues ces derniers mois s’agissant du développement de nos échanges, en particulier dans le secteur agro-alimentaire, automobile et du transport maritime et à faire avancer des projets industriels structurants», a précisé M. Barrot.

Le Président Abdelmadjid Tebboune «m’a assuré de sa volonté de donner (aux échanges) une nouvelle impulsion. Le président du MEDEF recevra son homologue du CREA le 19 mai prochain et nous avons acté la tenue, avant l’été prochain, d’une réunion du Comité mixte économique algéro-français qui permettra d’aborder tous ces sujets», a-t-il relevé.

Sur le plan de la mémoire, il a indiqué que «les contacts ont repris entre les historien français et algériens de la commission mixte».

«Je m’en suis assuré personnellement, et le Président Abdelmadjid Tebboune m’a confirmé que l’historien Benjamin Stora était invité à Alger pour poursuivre le travail sur les restitutions des objets culturels. Tout cela sera suivi à mon niveau et à celui de mon homologue (algérien)», a-t-il expliqué.

Au plan diplomatique, M. Barrot a indiqué que les deux parties ont «acté la reprise du dialogue entre les deux diplomaties et les secrétaires généraux des deux ministères se rencontreront en août prochain».

Sur un autre volet, il a appelé de ses vœux le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à «un geste d’humanité» envers Boualem Sansal, au regard, a-t-il dit, de «son âge et de son état de santé». APS

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