Une enquête accablante publiée par le quotidien britannique « The Guardian » a révélé au grand jour la guerre secrète menée par l’entité sioniste contre la Cour pénale internationale (CPI), et ses sombres méthodes allant de l’espionnage au piratage informatique et à l’intimidation pour tenter de « faire dérailler l’enquête » sur les crimes de guerre perpétrés en Palestine occupée.
« Pendant près d’une décennie, (l’entité sioniste) a surveillé de hauts responsables de la Cour pénale internationale (CPI) et des défenseurs palestiniens des droits de l’homme dans le cadre d’une opération secrète visant à contrecarrer l’enquête de la CPI sur des crimes de guerre présumés », affirme mardi « The Guardian ».
La guerre secrète de l’entité sioniste contre la CPI « s’est appuyée principalement sur la surveillance, et les procureurs en chef ont été des cibles privilégiées », ajoute-t-il.
Selon le journal anglais, cette opération qui remonte à 2015, a vu la communauté du renseignement sioniste surveiller régulièrement l’actuel procureur en chef de la Cour, Karim Khan, sa prédécesseur Fatou Bensouda (en fonction de juin 2012 à juin 2021) et des dizaines d’autres fonctionnaires de la CPI et de l’ONU.
Quatre sources ont confirmé au quotidien britannique que les échanges privés de Fatou Bensouda avec des responsables palestiniens au sujet de l’affaire de l’Autorité palestinienne à La Haye étaient régulièrement surveillés et largement diffusés au sein de la communauté du renseignement de l’entité sioniste.
Les services de renseignement sionistes ont également surveillé les documents que l’Autorité palestinienne a soumis au bureau du procureur, ainsi que les employés de quatre organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme.
Citant des sources sûres, le journal soutient que l’opération secrète a mobilisé les plus hautes instances, civiles et militaires, de l’entité sioniste afin de « faire dérailler l’enquête ».
Dans ses tentatives de saboter l’enquête de la CPI, l’agence de renseignement extérieur de l’entité sioniste (le Mossad) a cherché à obtenir des informations compromettantes sur Fatou Bensouda et les membres de sa famille proche, indique le quotidien britannique qui affirme que l’ancien chef de l’agence, Yossi Cohen, a personnellement tenté d »enrôler » Bensouda et de la manipuler pour qu’elle se conforme aux souhaits de l’entité sioniste, ce qui a amené la procureure à craindre pour sa sécurité personnelle.
L’enquête révèle que, dans un premier temps, l’entité sioniste a tenté d’empêcher la Cour d’ouvrir une enquête criminelle exhaustive.
Après que celle-ci a été lancée en 2021, elle « a cherché à s’assurer qu’elle n’aboutirait à rien ».
Le Premier ministre de l’entité sioniste, Benyamin Netanyahou, se serait intéressé de près à l’opération, envoyant même aux équipes de renseignement des « instructions » et des « questions d’intérêt » concernant leur surveillance des fonctionnaires de la CPI. Une source aurait révélé au journal que « Netanyahou était obsédé par le fait de savoir quels documents la CPI recevait ».
Mandats d’arrêt réclamés par la CPI : « pas une surprise »
D’ailleurs, les mandats d’arrêt réclamés le 20 mai par la CPI contre Benjamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans la bande de Ghaza ne sont « pas une surprise » pour les hauts responsables de l’entité sioniste.
Au cours des derniers mois, la campagne de surveillance visant le procureur général de la CPI « est devenue une priorité », selon le journal, ce qui a permis au gouvernement de connaître à l’avance ses intentions.
The Guardian fait remarquer, à ce titre, que Karim Khan a émis un avertissement énigmatique dans ses remarques: « J’insiste sur le fait que toutes les tentatives d’entrave, d’intimidation ou d’influence inappropriée sur les fonctionnaires de cette cour doivent cesser immédiatement ».
Il avance, à ce propos, que Karim Khan doit maintenant également déterminer si les responsables sionistes à l’origine d’opérations visant à saper la CPI ont commis des infractions contre l’administration de la justice.
Dans son annonce du 20 mai, il a prévenu que son bureau « n’hésitera pas à agir contre les menaces qui pèsent sur la Cour et son enquête », rappelle le journal, soulignant que de telles infractions, pour lesquelles les dirigeants sionistes peuvent être poursuivis même si l’entité n’est pas partie au statut de la Cour pénale internationale, sont passibles d’une peine d’emprisonnement.
Pour rappel, immédiatement après être devenue membre de la Cour en 2015, l’Autorité palestinienne a demandé au bureau du procureur d’enquêter sur les crimes commis dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie, y compris à Al-Qods-Est. Au même moment, l’entité sioniste s’est empressée de mener des opérations visant à empêcher une enquête complète de la CPI.
Le quotidien britannique soutient, à ce propos, que même l’armée sioniste s’est joint aux efforts de collecte de renseignements car elle avait une forte motivation: empêcher ses commandants d’être contraints de passer en jugement.
« On nous a dit que les officiers supérieurs avaient peur d’accepter des postes en Cisjordanie parce qu’ils craignaient d’être poursuivis à La Haye », a souligné une source au journal.
Il rappelle, dans ce contexte, que malgré six années d’efforts de l’entité sioniste pour l’empêcher, Fatou Bensouda a annoncé, en 2021, l’ouverture d’une enquête pénale formelle pour crimes de guerre commis par les sionistes dans les territoires palestiniens occupés.
Lorsque Karim Khan a remplacé Fatou Bensouda en juin 2021, au poste de procureur général, il est devenu la principale cible de recherche de l’opération de surveillance menée par l’entité sioniste: « l’objectif était de comprendre ce que Khan pensait, comme l’a dit une source des services de renseignement au journal britannique. « Et si, au départ, l’équipe du procureur ne semble pas avoir fait preuve d’un grand enthousiasme pour
l’affaire palestinienne, selon un haut fonctionnaire de l’entité sioniste, le 7 octobre a changé cette réalité », a fait remarquer The Guardian. Un porte-parole de la CPI a déclaré au Guardian qu’il était au courant des « activités proactives de collecte de renseignements menées par un certain nombre d’agences nationales hostiles à la Cour », mais il a souligné qu' »aucune des récentes attaques menées contre elle par des agences nationales de renseignement n’avait accédé aux principaux dossiers de preuves de la Cour, qui étaient restés sécurisés ».
Le porte-parole a ajouté que le bureau de Karim Khan avait fait l’objet de « plusieurs formes de menaces et de communications qui pourraient être considérées comme des tentatives d’influencer indûment ses activités ».
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