La situation au Soudan continue de se détériorer alors que le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres vient de condamner avec fermeté une attaque meurtrière contre un hôpital au Darfour.
Cette « attaque épouvantable » survenue vendredi dernier contre le principal établissement de santé d’El-Facher, capitale du Darfour-Nord, aurait fait 70 morts selon les derniers bilans. Par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, le chef de l’ONU a souligné que cette frappe qui a touché « le seul hôpital encore opérationnel dans la plus grande ville du Darfour après plus de 21 mois de guerre laisse le système de santé du Soudan en lambeaux ». Le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a précisé que l’attaque a également fait 19 blessés parmi les patients et leurs accompagnants. Face à cette escalade de la violence, le représentant de l’Algérie auprès des Nations unies, Toufik Koudri, a lancé un appel urgent lors d’une réunion du Conseil de sécurité présidée par l’Algérie. « Nous réitérons notre appel à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel pour préparer le terrain à un processus politique soudanais véritable et ciblé », a-t-il déclaré, mettant en garde contre une situation particulièrement alarmante au Darfour. La région, comme l’ensemble du Soudan, fait face à « une escalade de la violence sans précédent dans plusieurs régions avec un risque accru d’expansion du conflit aux pays voisins ». L’attaque contre l’hôpital d’El-Facher illustre dramatiquement cette spirale de violence, la ville étant actuellement assiégée par les Forces de soutien rapide (FSR). Le diplomate algérien a d’ailleurs dénoncé le « mépris éhonté » des FSR qui maintiennent leur siège sur la ville en violation de la résolution 2736 du Conseil de sécurité. Les conséquences pour les civils et les infrastructures sont catastrophiques, comme en témoigne cette dernière attaque par drone contre l’un des derniers hôpitaux fonctionnels. Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé que « en vertu du droit international humanitaire, les blessés et les malades, ainsi que le personnel médical et les installations médicales, doivent être respectés et protégés en permanence ». Il a appelé à ce que les responsables de telles violations rendent des comptes. Cette exigence de justice fait écho aux propos du diplomate algérien qui a souligné l’importance de « garantir la justice et l’obligation de rendre des comptes » comme élément essentiel d’une « approche globale pour une résolution du conflit au Soudan. » L’Algérie salue les mesures récentes prises par le gouvernement soudanais, notamment l’adoption d’un plan national de protection des civils qui inclut « comme l’un de ses principaux piliers, la primauté de l’État de droit et des droits de l’Homme ». Toutefois, M. Koudri insiste sur la nécessité d’explorer tous les cadres disponibles pour définir les voies d’une justice transitionnelle inclusive sous leadership soudanais, suggérant que l’Union africaine pourrait jouer un rôle important dans l’identification des réponses appropriées. Le conflit, qui ravage le Soudan depuis avril 2023, opposant l’armée soudanaise aux FSR, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions d’habitants. Pour l’Algérie, une solution durable ne pourra être trouvée sans mettre fin aux ingérences étrangères, appelant la communauté internationale à « condamner publiquement et fermement ces ingérences ». La réunion du Conseil de sécurité, qui incluait un briefing semestriel du procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan sur la situation au Darfour, s’est conclue par l’adoption d’une déclaration présidentielle sur la consolidation et la pérennisation de la paix. Lyes Saïdi
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